
Léa Belooussovitch développe depuis plusieurs années une série de dessins réalisés sur un feutre épais, vastes champs colorés et fascinants dont on ne sait s’ils relèvent d’une abstraction s’épanchant dans un chromatisme contemplatif ou s’ils dissimulent entre leurs masses nébuleuses les éléments d’une image voilée. Viennent à l’esprit les réflexes connus qui consistent à toujours vouloir chercher dans l’infiguré une forme identifiable, des formes dans l’informe, et l’on n’est pas surpris de distinguer, structurées par les orangés, les gris teintés, les bleus azur ou les blancs laiteux, les contours myopes de bulbes floraux ou d’étendues impressionnistes que l’on se surprend à regarder les yeux plissés pour parvenir à en confirmer la présence fantomatique. Pourtant, rien de tout cela ou, plutôt, rien de ces sujets dont on imaginerait qu’ils aient pu être empruntés à l’iconographie de l’histoire de l’art. Bien au contraire. Nous sommes écrasés frontalement sur les détails
démesurément agrandis et floutés d’images d’une violence extrême – actes terroristes, corps évacués, scènes de guerre – que Léa Belooussovitch a prélevé dans le flux déferlant des images de la violence contemporaine.
Jean-Charles Vergne
Impressions from the studio








